Confrérie Sombre Corne
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 Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain

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Erika Thorkeldottir

Erika Thorkeldottir


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Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Empty
MessageSujet: Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain   Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Icon_minitimeVen 14 Nov - 23:24

Loreleï referme un livre, caressant sa couverture de cuir rouge, tannée par le temps. Quelques tâches plus foncées, du sang sans aucun doute, montre son vécu. Gravés en lettres dorées, on peut déchiffrer ces mots : « Capitaine Jack, alias Rougebrûme ». Juste en-dessous, d’autres caractères sont lisibles : « Morgana, Second du Capitaine ». Loreleï caresse doucement les caractères du bout des doigts, un sourire aux lèvres, le regard quelque peu triste…

- Sans doute devrais-je faire comme vous deux…, dit-elle en rangeant le livre dans un tiroir, avant de partir.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------

La porte s’ouvre, laissant la silhouette d’une jeune femme de petite taille entrer. Un livre neuf est posé sur une table, et du matériel pour écrire le rejoint bientôt. La femme s’assoit et ouvre à la deuxième page, vierge. Après avoir trempée la plume dans l’encre, Loreleï laisse la pointe suspendue au-dessus du parchemin, semblant réfléchir.

- Par quoi commencer…, dit-elle en inscrivant pour commencer la date.


**Jour 43 de la Saison du Colosse, période de la Terre et de Grenth**



La plume reste un autre instant suspendue, puis se pose sur le parchemin, commençant à tracer des courbes manuscrites penchées, et élégantes.

**Je suis de nouveau allée à l’orphelinat des Tereska aujourd’hui. Un des enfants est malade, j’ai été lui lire une histoire pour qu’il puisse s’endormir et regagner des forces. D’autres ne semblent pas en pleine forme, malgré les soins apportés par les dirigeants. Ce soir, j’irai chercher de quoi les aider à financer les soigneurs. Puis je déposerais le tout sur le pupitre, comme à chaque fois. Une Rose Noire accompagnera le tout. Ils ignorent de qui il s’agit.**

Loreleï s’arrête un instant, souriant, puis reprend.

**J’ai entendu une fois le surnom qu’ils m’ont donné, sans savoir que c’est moi. Cela me fait sourire. La Rose Noire sonne assez bien. Je me demande si je vais le recroiser ce soir. Peut-être va-t-il vouloir visiter la même maison que moi ?**

Elle sourit d’un air narquois, en écrivant ces mots.

**N’empêche, il n’est guère prudent. Donner son identité, d’accord. Mais porter les mêmes vêtements, que ce soit en plein jour et de nuit…c’est idiot. Et dangereux. La preuve, je l’ai reconnu et il en a été étonné. S’il portait des habits un peu plus…disons classique la journée, ce ne serait pas arrivé. Du moins pas dans l’immédiat. J’aurai peut-être fini par reconnaître sa voix, mais pas avant un moment.**

Loreleï pose la plume et s’étire, puis continue après avoir trempée la pointe dans l’encre, les sourcils froncés en y repensant.

**Il est doué. Je n’ai pas ressenti sa présence, pourtant il m’a suivi. J’aurai dû m’en apercevoir. Il est bien trop silencieux dans ses déplacements, ce n’est pas normal. Il va falloir que je remédie à ça, pour ne pas me refaire avoir. Enfin je l’espère, il a l’air d’avoir plus d’expérience que moi. Et nettement plus l’habitude. Je n’arrive pas non plus à cerner s’il m’est hostile ou non. Il cache bien son jeu, j’en suis sûre.**

Au fur et à mesure qu’elle écrit ces mots, Loreleï se perd dans un souvenir...


**Un homme, grand, fort et à l’expression plus ou moins amicale, discute avec un autre, plus petit, sur les quais du port de la petite île où est amarré le navire. Le type est assez maigre, avec un visage anguleux et un nez en forme de crochet. Il n’a plus de cheveux sur le haut du crâne, seulement sur les côtés. Il écoute avec attention, puis sert la main de son interlocuteur. Ce dernier remonte ensuite à bord du vaisseau, et vient en souriant ébouriffer la chevelure rouge de l’enfant qui regardait la scène. Cette dernière le suit dans la cabine, et va s’installer sur les genoux de la femme qui attendait, assise sur une banquette, une table basse avec une carte devant elle.

- Mon trésor, dit la femme en serrant l’enfant contre elle.

La jeune femme, fine mais musclée, possède la même chevelure rouge, mais plus clair, que l’enfant. Son visage est souriant, plus doux que celui de l’homme du bureau. Son regard vert brille, couvant sa fille d’amour. Elle porte un pantalon moulant qui s’arrête à mi-mollet, des chaussures à talons et un haut aux manches bouffantes sur les poignets plutôt court, qui dévoile un tatouage sur son ventre. Une tête de mort et deux épées croisées. Le symbole des pirates. Pourtant, quand elle se lève en posant sa fille par terre, son maintient droit et son allure noble ne font aucun doute sur ses origines.

- Comment s’est passée la discussion mon chéri ? dit-elle en venant embrasser l’homme.

Ce dernier, grand et imposant avec sa longue barbe noire et ses cheveux de la même couleur arrivant dans le milieu de son dos, pose son regard violet sur la femme, lui souriant avec tendresse. Les mêmes yeux que l’enfant.

- Bien, répondit-il. Il va chercher ses affaires, et nous rejoint dans la soirée, avant le départ. Mais je reste méfiant.

- Sa tête ressemble à un rapace, papa, intervient l’enfant. Tu sais, celui qui va manger les cadavres après ton passage. J’ai oublié son nom.

La gamine réfléchit un instant, les sourcils froncés, le bout de la langue sortit. Son père explose d’un rire tonitruant en entendant les paroles de sa fille, et la prend dans ses bras, la faisant tournoyer dans la pièce.

- Ce sont les vautours, ma chérie, dit-il à sa fille. Tu as raison, il ressemble à un vautour. Tu as l’œil, je suis fier de toi ! Allez, c’est l’heure de passer à table. Les autres nous attendent sur le pont.

Ils sortent tous les trois, l’enfant entre ses deux parents, leur tenant la main. Ils mangent sur le pont en compagnie de l’équipage, riant avec eux.
Le soir venu, l’homme à tête de vautour arrive et grimpe à bord. Le capitaine le présente aux autres, avant de lancer ses ordres pour quitter le port. Le navire, un immense galion, vogue tranquillement sur la mer calme. Le silence règne, la plupart des occupants étant en train de dormir. Seul le sifflement joyeux du timonier qui tient la barre vient rompre le silence.


Plusieurs mois passent, le nouveau venu s’intègre bien à l’équipage. Son père, méfiant au début, semble lui faire désormais confiance.

- Tu vois ma chérie, dit-il à sa fille, il ne faut pas se fier aux apparences. Grimlech s’est bien intégré, et tout se passe bien. Soit plus gentille avec lui.

- Mouais…, répond sa fille, sceptique.

Elle ne l’aime pas, malgré les efforts qu’il fait pour être gentil avec elle. Grimlech a une tête de vautour, et elle ne lui fait pas confiance. Son regard cache quelque chose. Il fait le gentil, mais elle l’a souvent vu sortir la nuit, tout seul, quand l’équipage dort. Francis, le timonier, dit qu’il va juste au bout du navire, et regarde la mer, avant d’aller se coucher, soi-disant pour se détendre. Elle, elle pense qu’il fait de la magie et envoie des messages à des personnes. Une fois, elle est entrée dans sa cabine pendant qu’il était absent. Y avait plein d’objets bizarres, et ça sentait pas bon. Quand elle en avait parlé à son père, il l’avait grondé. Et puni.

- Je l’aime pas, bougonne-t-elle en partant, rejoignant son poste favori sur le galion.

Elle grimpe sur les cordages avant, et va se percher sur la figure de proue, avant de se glisser entre les ailes du Milan Noir, qui a donné son nom au galion : « Le Carnassier ». Elle aime s’installer là, car ainsi, elle peut voir ce qu’il se passe devant le bateau. Son père refusant qu’elle grimpe en haut du mât rejoindre la vigie, elle a dû trouver une alternative.

- Je suis sûre qu’il cache quelque chose, mais papa et maman ne me croient pas, râle-t-elle toute seule, en regardant l’écume glisser le long des flancs du galion.

Le soir, après avoir mangé, elle retourne à son perchoir, regardant les étoiles. Le regard perdu dans les cieux, elle ne voit pas la barque qui approche. Elle commence à s’endormir quand soudain, un bruit mat accompagné d’un cri étranglé mais étouffé, la réveillent. Se redressant en silence, elle regarde ce qu’il se passe. Plaquant une main sur sa bouche pour retenir le cri qui monte dans sa gorge, elle regarde avec horreur Francis, le timonier, au sol, une main sur sa gorge où une plaie béante imite un sourire morbide. Le sang commence à couler, se répandant sur le sol. Francis réussit à tourner la tête vers l’enfant, son regard douloureux lui disant de rester silencieuse, avant de rendre son dernier souffle. Il était le seul à savoir qu’elle venait ici. Grimlech le vautour est sur le pont, en compagnie d’un autre homme, vêtu sombrement. La dague dans la main de l’inconnu goutte encore du sang de Francis.

- Je le savais ! chuchote l’enfant pour elle-même. C’est un vautour ! Un sale détritus pourri des fosses à merde, ajoute-t-elle en reprenant ce qu’elle a un jour entendu sur le navire. Je dois prévenir papa et maman. Mais aussi voir ce qu’ils mijotent.

Elle attend que les deux individus s’éloignent, elle n’a pas le choix, puis elle se glisse sans bruit derrière eux. Déjà à cet âge, elle aime porter des affaires sombres, ce qui lui est bien pratique à ce moment précis. En passant devant Francis, elle lui ferme les yeux, et envoie une prière pour que son âme puisse trouver le chemin des Cieux. Suivant les deux meurtriers, elle se rend compte qu’ils se dirigent vers la cabine de ses parents.

- Oh non…ils ne vont quand même pas…, se dit-elle avec horreur, en voyant Grimlech ouvrir la porte, préparant un sortilège avec son autre main, tandis que son comparse prépare sa dague.

Ne pouvant s’approcher pour entrer dans la cabine sans se faire voir, elle est contrainte d’attendre. Inquiète, elle les regarde pénétrer à l’intérieur. Lorsqu’ils disparaissent du pont, elle les suit, tachant de ne pas faire de bruit. Elle n’y voit pas grand-chose, la pénombre l’en empêchant. Par instinct, et en connaissance des lieux, elle se dirige vers la chambre de ses parents, précédée par les deux intrus. Ces derniers ouvrent la porte, et se préparent à abattre ses parents dans leur sommeil. Cherchant de quoi les en empêcher, elle attrape le premier objet pointu qui tombe sous sa main. Alors, dans un hurlement, elle bondit sur le dos de Grimlech et enfonce dans son bras la fourchette qu’elle tient, le déconcentrant de son sort, et faisant sursauter son compère à la dague, qui manque son coup, enfonçant son arme dans l’oreiller. Ses parents se réveillent au bruit. Attrapant le pistolet caché sous sa tête, le capitaine tire une balle en plein dans le cœur de l’homme en noir. Pendant ce temps-là, Grimlech a réussi à se débarrasser de l’enfant, l’envoyant valser dans l’armoire. Sonnée, elle reste un instant allongée au sol. Tandis que sa mère se précipite sur elle, son père tente de maîtriser le mage noir. Alertés par le boucan et le coup de feu, plusieurs membres de l’équipage surgissent, et s’emparent de Grimlech, le neutralisant d’un coup sur la tête. L’enfant finit par s’évanouir.

- Ma chérie, mon bébé, comment te sens-tu ? résonne la voix de sa mère dans les oreilles de l’enfant.

- Je…Grimlech !dit-elle en se redressant d’un coup, grimaçant quand une vive douleur lui transperce la tête. Il veut vous tuer ! Maman, papa !

Chut mon trésor, tout va bien, la rassure sa mère. Il est sous contrôle, ton père lui parle dehors.

- Je veux le voir.


En douceur, sa mère l’aide à se lever, et l’accompagne sur le pont. L’équipage est là, entourant son père, qui fait face à Grimlech, furieux.

- Et dire que je te faisais confiance ! dit-il à ce dernier, qui se débat avec ses liens bien serrés.

- Tu aurais dû écouter ta fille, Rougebrûme, ricane Grimlech.

Le prisonnier porte son regard derrière le capitaine, et le pose sur l’enfant qui sort avec sa mère. Une expression de haine se dessine sur son visage à la vue de la petite fille.

- Toi…espèce de sale petite peste, crache-t-il. Tu as tout fait foirer ! J’aurai dû m’occuper de toi quand j’ai compris que tu ne me ferais pas confiance. Tu es plus difficile à apprivoiser qu’une harpie déchainée ! Maudit sois-tu ! termine-t-il, les paroles pleines de venin.

- Silence, vermine, tonne son père. e t’interdis de t’en prendre à ma fille ! J’ai réussi à obtenir les informations nécessaires de ta part, poursuit-il après un instant. Il n’est plus utile de te laisser en vie.

Lentement, le Capitaine Rougebrûme sort son sabre du fourreau, et s’approche de Grimlech, qui se débat de plus belle contre ses liens. Soudain, il réussit à libérer une de ses mains, et la pointe vers le capitaine, pour lancer un sort, un rictus mauvais aux lèvres.

- Papa, non ! hurle l’enfant en se précipitant vers lui.

Saisissant au passage le hachoir que tient le cuisinier, interrompu dans sa tâche par la réunion actuelle, elle fonce sur Grimlech en hurlant, son arme improvisée levée au-dessus de sa tête. En arrivant sur lui, elle abat le hachoir en fermant les yeux, alors qu’il lance son incantation sur son père. L’arme termine sa course en heurtant quelque chose, elle sent un truc se briser sous la lame dans un bruit de succion, et son visage est éclaboussé par un liquide chaud, qui sent le fer. Pétrifiée, elle reste figée dans cette position, les mains crispées sur le manche du hachoir. Elle perçoit un cri derrière elle, puis une chute, mais reste incapable de réagir. Doucement, elle sent des mains sur les siennes, la faisant lâcher l’arme.

- Lore, ma chérie, dit la voix profonde mais douce de son père. Tout est finit, viens là.

- P..ppp..pap..a, sanglote-t-elle en se nichant dans ses bras robustes. J’…j’ai cru qu’i…il allait te tttt…tuer.

- Je sais mon trésor, je sais, la rassure-t-il en la serrant contre lui. Tout va bien maintenant, il est mort.


Lentement, tandis qu’elle arrête de pleurer, Loreleï regarde derrière son père et voit un des mousses, étendu au sol. Un trou fumant orne sa poitrine. Il a sauvé son père en se jetant devant lui. Puis elle tourne la tête vers Grimlech. Le hachoir est resté fiché dans sa gorge, la pointe de la lame plantée dans le bois du mât contre lequel il est attaché. La tête penche sur le côté, retenue par ce qu’il reste de muscles, nerfs et tendons qui n’ont pas été tranchés. Le sang s’écoule du corps désormais sans vie, par la plaie béante apparue. Descendant des bras de son père, Loreleï se dirige vers le corps, et lui donne un grand coup de pied. Le Capitaine Rougebrûme la ramène vers lui, un peu amusé malgré tout.

- Laisse-le, nous allons nous en occuper. Il va aller nourrir les poissons. Mais je réserve un autre usage pour sa tête. Joli travail, ma fille. Morgana,
ajoute-t-il en se tournant vers sa femme. Occupe-toi de notre fille.

- Viens là, mon trésor, dit sa mère. Je vais te faire prendre un bain.


Loreleï prend la main de sa mère, et la suit. Avant d’entrer dans la cabine, elle entend les applaudissements de l’équipage, qui se remet du choc, et scande son prénom. Loreleï se tourne alors vers son père.

- Tu aurais du suivre ton conseil, papa. Il ne faut pas se fier aux apparences.

Alors que son père explose de rire, Loreleï sent le sol se dérober sous ses pieds, et le monde basculer avant de s’assombrir…**

Soudain, une goutte tombe sur le parchemin, faisant couler l’encre sur quelques millimètres. Loreleï retire sa plume, la pose sur la table et se saisit d’un mouchoir.

- Chiotte, dit-elle, posant le mouchoir sur la goutte pour la sécher, avant de s’essuyer les yeux. Je ne pensais pas que revivre ce souvenir me ferait pleurer. Je continuerai plus tard, je dois y aller.

Après avoir posé le mouchoir, Loreleï referme son livre, le rangeant dans le tiroir, avec celui de ses parents. Elle range l’encre et la plume, puis sen va vaquer à ses occupations.


Dernière édition par Loreleï Gwaithall le Ven 5 Juin - 19:44, édité 3 fois
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Erika Thorkeldottir

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MessageSujet: Re: Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain   Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Icon_minitimeLun 17 Nov - 14:25

Loreleï se glisse sur la chaise, sort le livre du tiroir, de quoi écrire, et ouvre à la prochaine page vierge. Trempant la plume dans l’encre, elle en pose la pointe et commence à tracer des courbes manuscrites.

- Bon et bien…, dit-elle en se mordant le bout de la langue.
**Jour 44 de la Saison du Colosse, période de la Terre et de Grenth**



**Comme prévu, je suis sortie cette nuit, après avoir fait du repérage dans la journée. J’ai pris ce qu’il fallait, sans pour autant léser le propriétaire. Avec ce que je leur ai déposé, les Tereska pourront soigner les enfants malades, et peut-être même avoir un peu de stock en médicaments. J’ai signé mon passage, comme à chaque fois.**

Loreleï se lève un instant, monte à l’étage puis redescend. Après s’être réinstallée, elle poursuit.

**D’ailleurs, il me faut en remettre en culture. Les roses fleuries ont presque toutes été utilisées. Les dernières boutures sont pratiquement prêtent, encore une nuit et elles seront parfaites. Je dois refaire d’autres boutures. Elles sont si belles, et leur parfum est si…**

Elle lâche la plume, laissant une tâche d’encre éclabousser le parchemin de la page. Appuyant sa main sur sa hanche, elle se lève en grimaçant.

- C’est pas vrai ! dit-elle en regardant sa main, légèrement rouge, comme son vêtement. J’ai pourtant tout changé comme il m’a dit…

Loreleï monte à l’étage, et y reste pendant plusieurs minutes. Elle finit par redescendre, changée et les mains lavées. Elle se rassoit, essuie la tâche du mieux qu’elle peut, mais une trace reste présente, puis remet de l’encre sur la plume avant de continuer.

**Satanés bandits ! Il a fallu que je tombe dans leur piège. Bien ficelé, en tout cas. Je ne m’y attendais pas. Je ne pensais même pas que Breth le Borgne, leur chef, puisse encore m’en vouloir d’avoir fait capoter son projet visant à installer un passage de taxes dans la région, avec pour cible les voyageurs et autres commerçants. J’ai pu éliminer tout le monde lors de l’embuscade mais…je n’en sors pas indemne. Breth a réussi à me toucher, et assez profondément. Je me suis soignée en rentrant, suturant la plaie du mieux que je pouvais.
Ensuite, je suis allée au Hall de Durmand, non loin de l’entrée du Promontoire Divin. Je devais rendre les livres que j’avais empruntés il y a quelques semaines. C’est là que les points que j’avais sommairement fait ont sauté. Super. Ah et bien entendu, il y était, à la bibliothèque. Et il a fallu que les points sautent pendant que je parlais avec. Il s’est gentiment proposé de m’aider à refaire les points. Et comme je n’avais pas le choix…
On s’est donc dirigé vers ma maison, vu que j’y ai ce qu’il faut. Et qu’il n’a pas de chez lui. Le pauvre. Forcément, tout allait bien jusqu’à ce qu’on arrive aux portes du Quartier Salma, là où je vis. J’ai chancelé. Moi qui ne demande jamais d’aide à personne, j’ai du accepter la sienne. Il m’a porté jusqu’à l’intérieur de ma demeure, et m’a déposé sur le lit. Puis il m’a soigné. D’ailleurs, il a du remarquer les roses noires en haut, mais il n’a rien dit.
Il est plutôt doué pour soigner. Il connaît les cataplasmes naturels, et sait recoudre une plaie. Il a des mains plutôt fines, et assez douces. Je n’ai toujours pas vu son visage, mais du peu que j’en vois, il ne semble pas…
**

Loreleï s’arrête, la plume suspendue en l’air, et relit ce qu’elle a écrit, et lève les yeux au ciel, avant de se passer une main sur le visage.

- Mais…mais qu’est-ce que je raconte moi ? se dit-elle, en secouant la tête. Et je ne peux pas effacer…

**Je divague là, c’est n’importe quoi. M’enfin, toujours est-il que j’ai suivi son conseil et me suis reposée toute la nuit et la journée. Je dois sortir ce soir, la famille part en excursion au Col Aride, espérons que les points et le bandage tiennent. J’ai serré un peu plus, on verra bien. Et j’ai prévu de quoi le changer, au besoin.**

Tandis qu’elle poursuit, toujours étonnée de ce qu’elle a pu noter juste avant, un souvenir surgit de sa mémoire.


**Loreleï court sur l’herbe, en riant. Elle a grandi, et semble avoir seize ans. Ses longs cheveux rouges foncés volent dans le léger souffle de vent qu’il y a dans l’air, et son rire est clair et cristallin. Un jeune garçon, un peu plus vieux d’un an ou deux, court derrière elle, semblant vouloir la rattraper, riant lui aussi.

- Allez Lore, arrête de courir, je n’en peux plus, dit-il en s’arrêtant, essoufflé.

- Oh voyons Pierre, c’est tout ce que tu peux faire ? répond Loreleï, moqueuse, mais en s’arrêtant quand même.

Loreleï regarde le jeune garçon, un sourire aux lèvres, le regard brillant, repensant à leur rencontre. Il est beau, la peau bronzée typique de ceux qui vivent sur les îles. Les cheveux court, noir et en bataille encadre un visage où l’on peut discerner quelques petites tâches de soleil, et un regard marron foncé renforce l’air ténébreux qu’il a.

Pierre. Elle l’a rencontré la première fois que son père a fait escale ici, il y a plusieurs années. Les deux enfants avaient fait connaissance et passé beaucoup de temps à jouer ensemble. Quand le galion dû reprendre la mer, deux semaines après, ils s’étaient promis de garder le contact. Et c’est ce qu’ils ont fait. Régulièrement, Loreleï a reçu des messages de Pierre, par l’oiseau qu’il a apprivoisé. Et elle lui répondait. Par l’échange de ces messages, un fort lien est né entre les deux enfants. Cela a duré pendant plusieurs années, ils avaient alors sept et neuf ans. Son père avait décidé de faire escale sur l’île peu de temps après la trahison de Grimlech. Il avait estimé que sa fille avait besoin de se changer les idées après avoir tué le mage noir. Et il fallait rendre hommage aux deux membres de l’équipage morts, même si leurs corps ont été nourrir les poissons pour éviter toutes maladies.
Lors de cette première escale, Loreleï était partie se réfugier en haut d’un arbre, et avait pleuré, pensant être seule. Ce qui n’était pas le cas.


- Ca va pas ? demanda une petite voix d’enfant.

La jeune pirate avait alors arrêté de pleuré, vexée d’être surprise pendant un moment de faiblesse. Elle était alors descendu de l’arbre, et faisait face à un jeune garçon, plus vieux qu’elle de deux ans, et croisa les bras dans un air de défi.

- Pourquoi tu pleurais ? demanda-t-il doucement et timidement.

- Je pleurais pas! dit Loreleï, ne voulant pas l’admettre devant un garçon.

- Bah bien sûr, répondit celui-ci. C’est pas une honte tu sais. Moi aussi je pleurs parfois.

Il haussa les épaules, pour montrer qu’il n’y attachait pas d’importance. En souriant, il lui tendit sa main.

- Je m’appelle Pierre, mon père est le chef du village. Enfin, c’pas mon vrai père hein, mais c’pas grave.

Loreleï le regarda un instant, hésitante, puis serra finalement la main du jeune garçon.

- Loreleï, dit-elle. Mon père c’est le Capitaine du galion dans le port, ajoute-t-elle, fière.

- Je sais, répondit Pierre en souriant. Tu viens, on va jouer.

Et il l’entraina par la main, sans lui laisser le temps de répondre. C’est ainsi que les deux jeunes enfants firent connaissance, et passèrent les deux semaines suivantes à jouer.


- Hey Lore, tu rêves ou quoi ? demande Pierre, en lui passant une main devant les yeux.

- Hein ? Non non, dit-elle en repoussant sa main et en reculant d’un bond souple. T’es plus fatigué à ce que je vois, poursuit-elle, malicieuse, avant de repartir de plus belle dans une course folle.

- Noooooon Lore, s’il te plait

Toutefois, Pierre se met à courir derrière elle, en riant. Finalement, après avoir couru pendant encore plusieurs bonnes minutes, les deux jeunes adolescents finissent par s’écrouler dans l’herbe, riant ensemble.

- Quelle joie de revenir ici, dit Loreleï en reprenant son souffle. Ça faisait tellement longtemps. J’avais peur que tu m’ais oublié, malgré nos échanges.

- Jamais ! protesta Pierre. Je ne peux pas t’oublier, Lore.

- Je les ai toujours d’ailleurs, enchaine-t-elle. Dans un coffret. Et parfois, je les relis, en attendant ta réponse à mon dernier message.

- Moi aussi, je les relis. Et ils sont rangés également, pour que je ne les perde pas.

Loreleï se redresse sur un coude, le regardant.

- Pourquoi tu dis ça ? Que tu ne peux pas m’oublier. On oublie toujours, en grandissant…

- Et bien…dit-il, hésitant et rougissant un peu. Disons que…tu es plus qu’une amie pour moi.

- Oh vraiment ? Prouve-le alors ! le provoque Loreleï, amusée, et d’humeur joueuse.

Pierre la regarde un instant, ne sachant pas si elle est sérieuse ou non. Il laisse son regard glisser sur le visage de la jeune fille allongée près de lui, s’attardant sur son regard violet et brillant, sa peau bronzée par le soleil marin, sa chevelure rouge et abondante défaite, ses lèvres douces et attirantes ; puis son regard descend lentement sur le reste de son corps, ses formes généreuses pour son âge, rehaussées par un corset, des manches bouffantes ; une taille fine mais musclée, soulignée par un pantalon moulant en taille basse, et des bottes à talons évitant qu’elle ne marche dessus.
Son regard remonta à nouveau sur le visage de celle qui fait battre son cœur depuis qu’il la connaît. Elle le regarde, attendant qu’il se décide, avec un demi-sourire aux lèvres. Ces mêmes lèvres qui l’appellent, l’attirent. Pierre a résisté trop longtemps. Passant outre la timidité qu’elle provoque en lui, il s’approche, lentement. Posant une main sur la joue de Loreleï, sans la quitter des yeux, il approche ses lèvres des siennes. Elles tremblent un peu, il a peur. La jeune fille lui sourit, comme pour l’encourager, elle ne le mangera pas, du moins pas encore. Finalement, leurs lèvres entre en contact, et ils savourent tous les deux cette sensation nouvelle qui les traverse. Loreleï enroule ses bras autour du cou de Pierre, et ils restent enlacés durant de longues minutes.


- Wouaw, finit par dire Pierre, en reprenant son souffle.

- Ça tu l’as dit ! acquiesce Lore, un peu essoufflée elle aussi. T’es tout rouge !

- Toi aussi, je te ferais remarquer, répond-il, un peu vexé qu’elle se moque de lui.

Les deux jeunes se regardent, et explosent de rire. Puis Loreleï se redresse, et se rallonge contre Pierre, posant la tête sur son torse.

- Je me demandais quand tu allais te décider, Pierre. Je finissais par me dire que j’allais devoir le faire moi-même.

- J’y peux rien, tu m’intimide, essaye de se défendre ce dernier. Depuis qu’on se connaît c’est comme ça.

- Je sais, répond Lore, le regard brillant d’amusement. Tu te souviens de cette fois où tu as perdu tous tes moyens, quand je t’ai surpris à te baigner, et que je t’ai rejoins pour me laver ?

- Et comment que je m’en souviens ! Je n’arrivais même plus à parler ou à bouger. Avec ton air revêche, j’avais peur que tu ne m’arrache un bras ou la tête si je disais quelque chose.

Doucement, Pierre pose sa main sur le dos de Lore, qui ferme les yeux, savourant ce moment. En souriant, ce dernier l’imite, et les deux jeunes amoureux finissent par s’endormir.

L’escale du Carnassier dure plusieurs semaines, le temps de bien se ravitailler, de faire les réparations nécessaires, et de se détendre un peu. Et aussi de régler quelques affaires, mais ça, ses parents s’en occupent. Loreleï et Pierre restent ensemble chaque fois qu’ils le peuvent, mangeant dans la nature, discutant de ce qu’ils ont fait durant toutes ces années, et qu’ils ne se sont pas dit par message. Ils profitent du bonheur d’être ensemble, tout simplement.
Un banquet pour fêter l’anniversaire du jeune homme est prévu, et chacun s’active pour le préparer. Tandis que Pierre est obligé d’être auprès de sa famille, Loreleï reste sur le galion, lui préparant son cadeau. Cela fait longtemps qu’elle l’a prévu. Elle a plongé à plusieurs reprises durant ces années, pour trouver ce qu’elle voulait. Et elle l’avait enfin. Petit, Pierre lui a un jour avoué qu’il rêvait d’avoir un gros coquillage qu’on ne trouve qu’en pleine mer, et qui permet, quand on le pose sur son oreille, d’entendre les vagues. Alors elle avait décidé de le lui offrir pour ses dix-huit ans.
Polissant le coquillage pour qu’il ne coupe pas, le nettoyant entièrement, Lore s’active pour que son cadeau soit prêt pour le soir. Elle a trouvé durant ses plongées, une perle d’un blanc nacré. Le coquillage ayant un creux sur sa surface, Loreleï y met la perle, la faisant tenir par un système de fil.


- Parfait, dit-elle en regardant son travail. J’espère que ça lui plaira. Et qu’il rêve toujours d’avoir ce coquillage qui fait entendre les vagues.

En souriant, elle le colle à son oreille, savourant le doux bruit des vagues que l’on y entend.

Le soir venu, tout le monde se retrouve sur la grande place du village, autour des tables installées à cet effet. Un grand feu étire ses flammes vers le ciel, au centre du cercle formé par les tables. Pierre et Loreleï sont assis côte à côte, et participe au festin avec tout le monde. L’ambiance est à la fête, tout le monde rit, chante, s’échange des histoires. L’heure des cadeaux arrive, et Pierre ouvre ceux qu’on lui offre. Il est gâté : filet de pêche, harpon, petit bateau pour aller en mer, coffre pour tout ranger…il remercie tout le monde chaleureusement. Loreleï attend qu’il ait fini pour lui offrir le sien. Il le prend, mais avant qu’il n’est pu l’ouvrir, le chef du village réclame le silence pour faire une annonce.

- Mes amis, je vous remercie d’être présent pour les dix-huit ans de mon fils, Pierre, et des présents que vous lui avez offert. Vous le savez tous, je l’ai recueilli alors qu’il n’était qu’un nourrisson, mais il reste mon fils. Et je l’aime de tout mon cœur. Viens ici s’il te plait, Pierre.

Le fils rejoint son père, rendant à Lore son cadeau, qu’il ouvrira ensuite. Il se place aux côtés du chef, et attend.

- Je tiens à remercier aussi le clan de l’île voisine à la notre, d’être venu. Et je les remercie aussi du présent qu’ils ont décidé de faire. Comme vous le savez tous, nous devons restés unis, pour survivre. C’est ainsi que, après discussion, Jason et moi-même avons convenu d’unir nos deux clans.

A ces mots, une jeune fille des îles à la peau bronzée, une longue chevelure noir et aux yeux bleus azur, rejoignit Pierre. Ce dernier la regarde, une légère lueur d’attirance dans le regard, mais il ne comprend pas. De loin, Loreleï observe la scène, un léger pincement au cœur. Elle, elle a compris ce qu’il se passe. Et elle redoute d’entendre les paroles prononcées par Will, le chef.

- Je vous présente Mirya, la fille de Jason. Elle est le cadeau pour Pierre, et le symbole de l’union de nos deux clans. Nous célèbrerons leur union dans deux jours.

A ces mots, la foule présente se perd en applaudissements et en félicitations. Pierre, qui vient enfin de comprendre, regarde Lore et commence à se diriger vers elle. Mirya le retient, jetant un regard mauvais à la jeune pirate. Elle est au courant de leur relation. Blessée au fond d’elle-même, Loreleï retourne sur le galion, et s’enferme dans sa cabine. Sa nuit se révèle agitée, et elle dort très peu.
Le lendemain, en retournant sur la plage, Pierre vient la trouver. Il semble avoir mal dormi lui aussi.


- Lore, s’il te plait. Je l’ignorais, dit-il en lui prenant la main.

- Je sais…tu ne peux pas dire non ?

- Je vais en parler avec mon père. C’est toi que j’aime, pas elle.

A ces mots, ils s’embrassent longuement. Profitant d’être seuls, ils s’éloignent, et partagent bien plus qu’un simple baiser. Ils passent ainsi le reste de l’après-midi, blottis l’un contre l’autre.

- C’est quoi, ton cadeau ? Je n’ai pas pu l’ouvrir hier soir.

- Je te l’apporterai ce soir.

La fin de journée passe tranquillement, et le soir venu, Loreleï récupère le cadeau dans sa cabine, avant d’aller retrouver Pierre à l’endroit convenu, l’arbre où ils se sont rencontrés il y a neuf ans. Elle espère qu’il a pu parler avec son père, et que tout va s’arranger pour eux deux. Elle a même parlé avec son père, lui disant qu’elle souhaitait rester ici, pour vivre avec Pierre. A son grand étonnement, il a accepté, et sa mère aussi. Elle doit faire sa propre vie, et ses propres choix pour grandir.
Loreleï a hâte de l’annoncer à Pierre. En arrivant non loin du lieu de rendez-vous, elle entend des voix. Celle de Pierre, et une voix féminine. En s’approchant silencieusement, elle voit Mirya. Seule avec Pierre. Son Pierre. Ils rigolent, en se souriant. Loreleï fait le tour pour entendre ce qu’ils se disent. Elle n’aurait peut-être pas dû.


- T’inquiète, elle pense que j’ai parlé à mon père. Quelle naïve ! Elle pense vraiment que je vais rester avec elle ?

- Il faut croire. Elle n’a pas dû se regarder souvent dans un miroir celle-là, pouffe Mirya.

- Elle est pas mal, mais bon, elle ne t’arrive pas à la cheville.

- C’est sûr, dit l’intéressée en se pavanant. Et elle est petite, en plus. Ça n’a pas été trop dur quand tu l’as prise ?

- Non, mais c’est pas génial. Et elle n’en vaut pas vraiment la peine.

Ils éclatèrent à nouveau de rire, avant de s’embrasser avec fougue. En entendant cela, le cœur en miettes, Loreleï s’avance dans la lueur de la lune. Elle inspire profondément, et en posant le regard sur Mirya, qui vient de la voir, elle laisse entrer la haine de la trahison pénétrer son cœur. Pourtant, sans rien laisser paraître, elle s’approche.

- Tiens, tu voulais ton cadeau, dit-elle à Pierre, en le lui tendant. Fais-en ce que tu veux.

Mirya la regarde, un sourire de triomphe aux lèvres. Pierre, lui, prend le cadeau, et tend le bras pour attraper Loreleï. Cette dernière s’esquive, et retourne au galion, marchant dignement malgré la douleur qui la tiraille.

- Lore, appelle Pierre.

Mais elle l’ignore, et part.

- Laisse-là, Pierre, dit Mirya. Elle s’en remettra, c’est qu’une gamine.

- Oui je sais, mais quand même.

- T’occupes, je vais te changer les idées moi.

- Oh oh…avec plaisir Mademoiselle.


Une fois rentrée au galion, Loreleï se précipite dans sa chambre en pleurant. C’est la deuxième fois depuis la mort de Grimlech, qu’elle pleure. Toute la nuit, elle rumine, laissant la haine et la rancœur l’envahir petit à petit.

- Plus jamais, se jura-t-elle. Plus jamais je ne pleurerais pour un homme.

Le lendemain, le mariage de Pierre et Mirya est célébré. Lore, ne voulant pas montrer à quel point elle est brisée, est présente et souriante. Le couple semble un peu étonné de la voir là, à rire et s’amuser, le sourire aux lèvres. Plusieurs personnes savent que Pierre et Loreleï étaient ensemble, mais savoir l’avenir de leur clan assuré, ils ne s’en préoccupaient guère. Ce qui convenait parfaitement à la jeune pirate. Après le repas du midi, le reste de la journée est consacré à la danse et autres festivités. Jack, le Capitaine du galion, annonce à Will que lui et son équipage vont repartir le lendemain.**
S’arrachant à ce souvenir douloureux, Loreleï prend une profonde inspiration, refoulant les larmes qui lui montent aux yeux. Elle pose la plume, et monte à l’étage, caressant les douces pétales de ses roses noires, dans leur vivarium.

Tandis qu’elle les observe, la nuit de son départ de l’île se déroule dans sa mémoire.
**En remontant sur le galion le soir, ses parents l’annoncent à Loreleï. Cette dernière dit qu’elle partira avec eux, finalement. Après l’avoir serrée contre eux, compatissant, ils vont se coucher. Lore, elle, fait semblant. En silence, elle enfile une tenue noire, et s’arme de deux dagues qu’elle enduit de poison.
Sortant dans la pénombre de cette nuit sans lune, elle retourne sur la plage. Suivant les indications de la carte qu’elle a dérobée à Will, elle s’enfonce dans la forêt. Après une heure de recherche, elle trouve enfin ce qu’elle veut. Une rose noire. La Black Baccara, comme l’appelle la légende qui court sur l’île depuis des générations.


Cette légende raconte que, il y a des centaines d’années, un couple s’était promis l’un à l’autre. La veille de leur mariage, le jeune homme trahi sa bien-aimée avec une autre femme. Baccara, la jeune promise, le découvrit. Le cœur brisé, elle a tué la femme qui lui avait pris l’homme de sa vie, puis celui qu’elle aimait, avant de se tuer elle-même. Les villageois qui les retrouvèrent les enterrèrent, en pleurant. Durant la nuit, la tombe de la jeune femme se recouvrit de fleurs, des roses à la teinte particulière. Elles étaient noires. Les roses furent nommées Black Baccara, en raison de leur couleur, et du nom de la femme reposant dans la tombe où elles ont poussé.
Cette légende a perduré car plusieurs dizaines d’années plus tard, un autre jeune homme mourut de la main de la femme qu’il avait trompée, et une rose noire fut retrouvée non loin de son corps. C’est ainsi que la signification de cette fleur naquit : « Mon amour perdurera jusque dans la mort » ou encore « Mon Amour pour toi est profond et éternel ». Au fil des générations, la symbolique de cette fleur fut celle de l’amour trahi, et puni par la mort.

Loreleï sait que cette légende est vivante dans l’esprit des habitants des îles. Cueillant deux roses noires, dont une avec la racine, Loreleï se dirige vers le village. Une heure après, elle arrive et s’approche discrètement, parcourant le village. Elle trouve sans peine la hutte des jeunes mariés, c’est la seule avec des fleurs autour, et avec une légère lueur qui s’en échappe.
Abaissant un peu plus la capuche sur sa tête, Loreleï pénètre en silence dans la hutte, et voit les deux mariés savourer leur nuit de noces. Avec un sourire emplit de rancœur, notre jeune pirate approche. Pierre, qui lui tourne le dos, ne la voit pas approcher, contrairement à Mirya. Cette dernière commence à ouvrir la bouche pour hurler, mais une dague vient se ficher en travers de sa gorge, emportant son cri dans sa mort. Pierre, surpris, se retourne, faisant désormais face à Loreleï.

- Que…, dit-il, secoué.

- Chhut mon trésor, tu vas bientôt la rejoindre, ne t’en fais pas.

- L…Lore ? dit-il en écarquillant les yeux de stupeur. Mais que…
- Tu pensais vraiment que la jeune gamine naïve que je suis, allait te laisser t’en sortir aussi facilement ? répond Lore, la haine dans la voix.


Pierre tombe à genoux, la peur au ventre face à cette silhouette qu’il connaît bien, et pourtant qu’il ne reconnaît pas sous cet air froid et mortel.

- Je t’ai tout donné, poursuivit Loreleï. Mon amour, ma jeunesse et ce qui fait de moi une femme. Et tu les as bafoués. Tu as osé piétiner tout ce que je t’ai offert.

- Lore écoute, je…

- Non ! le coupe la jeune pirate, froidement. Tu as fait ton choix, il est trop tard. Et j’ai fait le mien.


Sans un mot de plus, d’un geste vif et précis, Loreleï lui enfonce la dague en plein cœur, laissant le poison se répandre dans les veines, une main plaqué sur la bouche de sa victime, étouffant le moindre cri.

- Je t’aimais, Pierre, je t’aimais…lui murmure-t-elle à l’oreille, tandis qu’il rend son dernier souffle. Et tu as tout gâché. Tu as voulu en avoir plus. Tu as perdu.

Lentement, le corps de Pierre se détend, la vie l’ayant entièrement quitté. Sans aucune larme pour la mort de l’homme qu’elle aimait, Loreleï dépose une rose noire sur la poitrine sans vie de Pierre. Elle essuie sa dague, récupère l’autre, l’essuie aussi avant de les ranger. Elle sort, sans un regard en arrière, et rentre silencieusement sur le galion.
Une fois dans sa cabine, elle se change, cachant ses vêtements noirs, ainsi que les dagues, les flacons de poisons qu’elle a utilisés et la carte de l’île. Elle regarde la rose noire qu’elle a gardé pour elle, et après avoir trouvé un bocal en verre, elle la pose dedans, avec de l’eau. Elle ferait en sorte de la cultiver.
Le lendemain matin à l’aube, Le Carnassier prend la mer, laissant derrière lui l’île et le meurtre qui a eu lieu. Loreleï, réveillée, monte sur le pont et regarde l’île disparaître à l’horizon. Personne ne trouverait les corps avant plusieurs heures, et ils seraient déjà loin à ce moment là. Lore se retourne, ses parents l’appellent pour qu’elle vienne manger. Après un dernier regard à l’île, Lore jette par-dessus bord un coffret…celui contenant les lettres qu’elle et Pierre ont échangé durant des années. Puis, avec un sourire, elle rejoint ses parents pour prendre le petit déjeuné.
**

- Mes belles Black Baccara, murmure Loreleï  doucement.

Elle redescend, prépare un sac avec de quoi tenir plusieurs jours, et de quoi changer son bandage. Puis elle range le livre, la plume et l’encre.

- Il ne devrait plus tarder, il doit venir me retrouver ici, pour aller au point de rendez-vous de la famille, pour l’expédition. Il faut que je me prépare.

Et elle s’habille, s’équipe de ses armes, et descend en bas, le sac sur le dos, attendant qu’il arrive.


Dernière édition par Loreleï Gwaithall le Ven 5 Juin - 17:42, édité 5 fois
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Erika Thorkeldottir

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MessageSujet: Re: Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain   Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Icon_minitimeJeu 20 Nov - 0:24

La porte s’ouvre, et Loreleï entre, les vêtements sales, un peu poussiéreuse. Après avoir posé son sac dans un coin au dernier étage, elle ressort.
Une bonne heure après, elle revient, fraîche, lavée et changée. Après avoir rangé le contenu de son sac, à savoir des fioles de divers produits trouvé dans le repaire de Scarlett, qui lui serviront sans doute par la suite, un reste d’onguent et de bandages, Loreleï s’étire, se sert un verre d’Eau de Feu Norn puis s’assied à son bureau.
Elle trempe la plume dans l’encre, ouvre à une nouvelle page son livre et trace ses courbes manuscrites.
**Jour 50 de la Saison du Colosse, période de la Terre et de Grenth**


**Enfin rentrée de cette expédition ! Bon sang, je n’aime pas cette région. Le Col Aride, il mérite bien son nom tient. Du sable, et encore du sable à perte de vue. Des falaises abruptes aussi. Et bien entendu, pour couronner le tout, des tempêtes de sables ! Une horreur, même avec de quoi se protéger le visage. On s’est perdu aussi, vu que nous n’avions pas de carte de la zone.
En chemin, nous avons découvert  le lieu où Scarlett avait élu domicile au Col Aride. Une vieille cabane avec un passage souterrain. J’y ai trouvé des produits assez curieux. Donc je les ai pris, ils pourront peut-être me servir par la suite, quand j’aurai défini ce que c’est. On a même croisé un Sylvari complètement fou. Il se prend pour le fils de Scarlett, et a même projeté de poursuivre son œuvre, à savoir détruire les Dieux, les Dragons Ancestraux etc etc !!! Il nous a demandé de le rejoindre, de lui prêter allégeance et compagnie. Le pauvre fou. Il n’a pas aimé notre refus.
**
Loreleï rigole, à ce souvenir. Même si elle était occupée à fouiller parmi les divers produits, elle a quand même suivi l’échange.
- Pauvre fou…espérons que sa folie ne déteigne pas sur le reste de son peuple, par le biais du lien mental qu’ils ont entre eux, dit-elle, poursuivant son récit.
** En fin de journée, on a quand même trouvé un endroit agréable pour dormir, une oasis de verdure dans un coin, entouré par des falaises et donc à l’abri des tempêtes. Bon il a plu, mais l’eau est préférable au sable.
Forcément, en cours de route, j’ai eu le temps de me tordre la cheville, et j’ai du changer le cataplasme et le bandage plusieurs fois, sinon ça n’aurait pas été drôle. D’ailleurs, mes blessures vont bien mieux, grâce à Hogo. Elle a réussi à me soigner elle au moins, pas comme Ackam et ses…invocations de graines foireuses.
Le lendemain, nous sommes tombés sur deux chemins différents. On s’est séparé, mais nous n’aurions sans doute pas dû. Hogo, Bralaca et Bregard, un Charr que je ne connais pas, sont partis à gauche tandis qu’Ackam, Fauxus et moi-même prenions le chemin de droite. On a fini par perdre de vue et de voix les trois Charrs. On a donc poursuivi, pensant qu’on finirait par les retrouver un peu plus loin.

Au bout d’un moment, on est arrivé au bord d’une falaise, et il a fallu descendre. J’ai coincé une dague dans la roche, et Ackam, avec l’aide de Fauxus, a accroché sa corde au manche. Durant la descente, la corde a cassé et nous nous sommes étalés dans le sable plus bas. C’est là que je me suis foulée la cheville. Pour marcher dans du sable, ce n’est pas facile.
Après cette chute, on a réussi à retrouver nos compagnons, dans la caverne juste à côté. Elle était plutôt spacieuse et assez agréable à regarder. Seul point négatif, les cadavres d’Asuras et de golems un peu partout. J’ignore ce qu’il s’y est passé, mais ça ne devait pas être joyeux. Après plusieurs heures de recherches, on a trouvé les fameux cristaux que Jyrraa, l’Asura qui nous a confié cette mission, veut pour ses recherches. Il a fallu trouver de quoi les prendre pour les mettre dans la boîte que l’on avait. Fauxus a démonté le bras d’un cadavre de golem, et s’en est servi pour remplir la boîte de Jyrraa, et la sienne. Il a besoin de cristaux. Pour un rituel. Curieux, alors qu’il ne manipule pas la magie. C’est pour un ami, m’a-t-il dit. C’est quand même louche, mais c’est son problème.
Après avoir rempli les boîtes, nous avons fait marche arrière. Comme la nuit allait tomber, nous avons de nouveau fait halte à l’oasis. Le lendemain, nous avons avancé sans faire d’arrêt, afin de quitter cette région au plus vite. Une fois rendu à l’entrée de la région de Brisban, qui jouxte le Col Aride, nous nous sommes séparés.

Ackam a pris la route pour Rata Sum, Bralaca celle de la Citadelle Noire. Hogo et Bregard, je n’en sais rien, mais je pense qu’ils sont restés ensemble. Il semble bien l’aimer. Quant à Fauxus et moi-même, nous avons fait route commune, vu que nous retournions tous les deux au Promontoire Divin.
Nous avons pas mal discuté en route. Enfin, tout est relatif. Je sais toutefois qu’il est marié, mais sans enfant. Sa femme est de classe noble, comme Théandre.
**
Loreleï s’étire, et songe un instant à Théandre, ce noble avec qui elle est. Enfin, si c’est toujours le cas, vu qu’elle n’a plus de nouvelles de lui.
**Fauxus et sa femme ne se voient pas souvent, elle voyage beaucoup, tout comme lui. Pas évident je dirais. Je suis curieuse de savoir à quoi elle ressemble. Si ça se trouve, je l’ai déjà croisé.**
Loreleï secoue la tête un instant. Puis reprend.
**Non mais…ce ne sont pas mes affaires. Il faut que j’arrête moi. Du coup, sur le chemin du retour, quand nous sommes passés dans la région de Kessex, je lui ai montré nos trois bases vu qu’Ackam lui a dit de passer quand il voulait, et nous avons même dormi dans la principale, celle des Quais. J’ai préparé un repas sommaire avec ce que j’ai trouvé. Cela lui a plu. Tant mieux. Après avoir mangé, je suis allée laver mes affaires, et me laver aussi en passant, sur la plage juste en bas. Lui aussi. Même s’il garde son bandeau pour nager. Je me demande aussi, quand il passe la nuit avec sa femme, s’il le garde lors…**
Elle arrête sa plume, horrifiée par ses mots, et hésite à rayer, quitte à faire moche. Puis elle secoue la tête.
- En même temps, il n’y a que moi qui lis ça. Enfin, pour le moment. Si j’ai des enfants un jour, peut-être le liront-ils, et se diront que leur mère était…atteinte ? rit-elle, reprenant ensuite son récit.
**Je divague, bon sang ce que je divague. Ca ne va pas ça. On s’est baigné, puis après l’avoir arrosé, je me suis allongée sur la plage, histoire de. Mais j’ai fini par m’assoupir, et il m’a réveillé…avec un jet d’eau dans le visage ! Donc bahhhhh forcément, je lui ai sauté dessus. Sans arrière pensée je précise. Heureusement que je n’avais pas ma dague sous la main, sinon il aurait eu un deuxième sourire. Je me demande d’ailleurs à quoi ressemble le sien…**
- C’est pas vrai…j’ai un souci moi ma parole…, se lamente-t-elle en soupirant.
**Je pense que je vais m’arrêter là, il est tard. Je raconte n’importe quoi, je laisse mon imagination prendre un peu trop le pas je trouve. Du coup, j’écris ce que je pense, alors que je n’en ai pas vraiment envie. Je reprendrais demain, après m’être reposée.**
Loreleï pose la plume, laissant le livre ouvert pour qu’il sèche, et va se coucher, se fustigeant en passant de penser un peu trop à certains détails concernant Mr Demavand, alors que cela ne la regarde pas. Et qu’elle s’en moque. Enfin, c’est ce qu’elle pense…


Dernière édition par Loreleï Gwaithall le Ven 5 Juin - 19:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain   Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Icon_minitimeVen 5 Juin - 19:43

Le lendemain, Loreleï déjeune, un café fumant sur le bureau, accompagné de cookies. Elle a un air blasé en lisant ce qu’elle a noté la veille.

- Bon sang ce que j’étais fatiguée…bon, reprenons, dit-elle en saisissant la plume et en la trempant dans l’encrier.
**Jour 51 de la Saison du Colosse, période de la Terre et de Grenth**


**J’ai dormi, pas très bien, mais au moins j’ai les idées un peu plus clair. Enfin j’espère. J’ai relu ce que j’ai écris hier soir. Je préfère ne rien dire. Après m’avoir réveillé avec de l’eau, nous sommes rentrés à la base pour dormir. Chacun de son côté, dans un lit. Je préfère préciser. La nuit a été assez calme, pour une fois. Je me suis réveillée le lendemain bien avant lui. Du coup, j’en ai profité pour préparer le petit déjeuné. Des brioches au four, de la confiture et du jus de fruit. Un régal. Même Mr Demavand, qui n’a pas l’habitude de manger le matin, en a pris. Ca fait plais…**

- Ahhhhh non ! Stop, ça suffit hein ! se sermonne-t-elle. Bon, même si c’est vrai, ce n’est pas une raison.

**Nous avons donc mangé, puis repris la route, en passant par notre troisième base au nord. Il connaît cet endroit d’ailleurs. Une ancienne histoire de criminalité je crois. Il me semble. Peu importe. Nous avons poursuivi notre chemin, et sommes arrivés à la Vallée de la Reine, que nous avons traversée par les Marais. Il m’a posé des questions sur la Reine du Promontoire d’ailleurs, me demandant comment elle est, ce que ça fait que de travailler pour elle. Je doute que ça l’ai vraiment intéressé, mais il a tenté de faire la conversation, c’est aimable de sa part. Il est vrai que de base, je ne suis guère bavarde, et il ne semble pas l’être davantage que moi.
Au bout de plusieurs heures, en fin de journée, nous sommes enfin arrivés au Promontoire Divin. Il m’a raccompagné jusqu’au Quartier de Salma, où nous nous sommes séparés. Il a poursuivit vers Ossa, si je me souviens bien. Même s’il est fort probable que je me trompe.
Vu qu’il n’a pas de chez lui à proprement parler, sauf quand sa femme est là, je lui ai proposé de venir, en dépannage, chez moi. En y réfléchissant bien maintenant, je me demande si c’était vraiment une bonne idée. Même si je doute que mes verrous puissent le retenir longtemps, et l’empêcher d’entrer. Autant que l’invitation soit faite, plutôt que de le voir entrer par effraction, tel un voleur.**


Ces derniers mots font rire Loreleï, qui remarque l’ironie de sa phrase, en rapport avec la réalité.

**M’enfin bref, tout ça pour dire que cette excursion au Col Aride s’est bien déroulée, sauf pour ma hanche et ma cheville. D’ailleurs, je vais garder un souvenir en forme de cicatrice à la hanche. Normalement, ça ne devrait pas être trop moche, ni trop grossier. Vaut mieux. Je n’ai pas envie de reporter les manteaux que j’avais l’habitude de mettre en tant que pirate et corsaire. Je pense que j’ai fini pour l’instant.**

Loreleï s’apprête à poser sa plume, quand elle suspend son geste en plein mouvement. Elle fronce les sourcils, se souvenant d’un détail.

**Ah ! J’ai failli oublier un détail qui m’a marqué, durant notre périple au Col aride. A un moment donné, on a du traverser des sables mouvants. De vraies saloperies ces trucs là. Hogo s’est servie de son aptitude de gardien, pour amener une extrémité de la corde de l’autre côté pour que nous passions. On s’est tous servis de la corde, hormis Hogo, qui était déjà de l’autre côté, ainsi que Fauxus. Je n’ai pas très bien cernée ce qu’il a fait, mais il s’est servi de l’ombre. De ce qu’il a dit. A l’allée, comme au retour. Et quand il se bat, car nous avons évidemment croisé l’Enqueste ainsi que les créatures plus ou moins hostiles de la région, ses mouvements sont fluides, et flous par moment, entourés d’ombre. C’est bizarre.**

Loreleï se mord le bout de la langue quelques secondes, réfléchissant.

**On a abordé le sujet, vaguement, sur le chemin du retour, lui et moi. J’en suis arrivée à lui parler de mon passé de pirate, et de mon aptitude à voir dans le noir depuis que je suis enfant. Cela a semblé à la fois l’intriguer et l’intéresser. Je me demande bien pourquoi.**

Tandis qu’elle ajoute ces quelques phrases, un autre souvenir remonte à sa mémoire…


**Loreleï et l’équipage de son père se repose, buvant et mangeant dans la bonne humeur. Ils viennent d’essuyer une grosse tempête, sans trop de casse. Et la chasse aux « mauvais pirates », comme les appelle Lore en souriant, a été plus que fructueuse. La cale est remplie de trésors variés, de quoi assurer à l’équipage une bonne soirée et de bons plaisirs pour ceux qui iront passer la nuit à l’auberge du coin.
La nuit passe, festive et reposante. Le lendemain, le navire reprend la mer. La nuit venue, Loreleï se rend compte qu’elle a oublié le pistolet que sa mère lui a offert lors de son anniversaire célébrant ses 18 ans. Râlant, elle part se coucher, après avoir écrit un mot qu’elle enverra au matin.

Le doux bruit des vagues venant mourir sur le sable chaud, les pépiements des oiseaux, les gazouillis des petits dans les nids, le souffle du vent dans le feuillage. Ce bruit inhabituel réveille Loreleï en sursaut.


- Que…, dit-elle, en regardant tout autour. Pourquoi je suis sur une plage ? Et où suis-je ?

Elle se lève, retirant le sable de ses vêtements. Elle se sent comme engourdie, et comme engluée dans quelque chose de glissant et collant. Elle regarde ses mains, pour vérifier.

- Ahhhh !!!! hurle-t-elle en secouant ses mains, les voyants recouvertes d’une espèce de gel sombre.

Loreleï se précipite vers la mer, et plonge ses mains dedans. En voyant son reflet, elle écarquille les yeux d’horreur en apercevant son visage, recouvert de la même substance. Retirant ses affaires en vitesse, elle plonge, et se frotte vigoureusement le corps, grimaçant sous le touché de ce qui semble avoir recouvert son corps.
Au bout d’un certain temps, elle finit par ressortir de l’eau, la peau rouge vif du frottement et de la froideur de l’eau. Poussant du bout du pied ses vêtements vers l’eau, elle les rince, au cas ou. Elle finit par se rhabiller, se secouant une dernière fois pour se débarrasser de ce souvenir, et examine plus attentivement la plage où elle a atterri.


- On dirait…en tournant sur elle-même. Mais oui ! C’est là où nous étions hier. Comment ai-je atterrie ici ? Le galion se trouve en pleine mer…Bon ! En route pour l’auberge, j’en profiterai pour récupérer mon pistolet.

Après une bonne heure de marche dans le sable, les vêtements encore humide de leur bain salé, Loreleï finit par arriver au port, puis à l’auberge juste à côté. Poussant la porte de cette dernière, elle y entre, cherchant le tavernier.

- Loreleï ! s’exclame le tavernier en la voyant approcher. Je te croyais partie avec Jack ! Que fais-tu encore ici ?

- Longue-Descente, salut-elle le charr en souriant. J’étais partie en effet…mais je me suis réveillée sur la plage, à une bonne heure de marche d’ici. Comment…je n’en sais rien. Elle haussa les épaules. T’aurais pas trouvé mon pistolet après mon départ, dans la chambre ? Je l’ai oublié en partant, et comme je suis à nouveau ici…

- Tu parles de celui-là ? dit-il en le lui tendant.

- Oui merci. Lore le range à sa taille. Tu aurais de quoi envoyer un message au Carnassier ? Qu’ils sachent au moins où je suis. Et un bon petit déjeuner aussi s’il te plait.

- Oui tout de suite. Marge, cria-t-il vers la cuisine. Un petit déjeuner bien copieux. Se tournant vers la jeune femme. Je vais te chercher de quoi les avertir.

- Merci, répondit Lore, s’asseyant au bar, et observant en silence les clients du matin.


Peu de temps après, Marge vint la servir, la saluant au passage, avant de prendre les commandes des clients. Tandis que Loreleï commençait à manger, Longue-Descente revint  avec les fournitures nécessaires à l’envoie de message.

- Tiens, dit-il en posant le tout sur le bar, près de la jeune pirate. Une fois ton message écrit, j’enverrais l’oiseau dont je me sers pour communiquer avec ton père. En attendant, tu pourras rester ici.

- Merci, mais je t’aiderai. Je n’ai pas d’argent sur moi, donc je me rendrais utile ici. Et aucune protestation ne sera tolérée, sourit-elle au charr qui ouvrait la gueule pour dire quelque chose.

- Comme tu veux. Marge aura sans doute besoin d’aide en cuisine. Et il paraît que tu te débrouille bien, dit-il avec un clin d’œil.

- Je vois que mes parents parlent pas mal, rit-elle. Entendu pour la cuisine. Marge m’aidera à me perfectionner.


Tandis que le tavernier vaquait à ses occupations, Lore entreprit de rédiger le message à ses parents. Ne sachant pas quoi leur dire de spécial, elle écrivit le strict minimum. Récupérant le parchemin, le charr monta dans sa volière et l’envoya.

Le lendemain matin, une réponse leur parvint, indiquant que le galion serait là dès que possible, et qu’ils étaient rassurés de savoir où elle était. Mettant en action ses paroles de la veille, Loreleï se mit à la tâche, se levant de bonne heure le matin afin d’aider au ménage de la salle, à l’entretien des chambres. Puis elle accompagnait Marge au marché, l’aidant dans l’achat des provisions, et par la suite à préparer les repas. Même si Lore possède des connaissances en cuisine à force d’être avec le marmiton du galion, le fait de travailler avec la vieille femme lui a permis d’apprendre encore plus de recettes et techniques. En échange de son aide, Longue-Descente logeait et nourrissait la jeune pirate gratuitement. Même si cette dernière savait que ce serait le cas même sans son aide, elle refusait que ce soit fait à l’œil. Ses parents ne l’auraient pas toléré. Et elle non pus.


Cela dura près d’une semaine, le galion ayant pas mal avancé grâce à un bon vent durant la nuit où Lore avait…voyagé sur la plage. Puis le temps de recevoir le message, de répondre tout en faisant demi-tour pour revenir sur l’île, cela pris pas mal de temps. Finalement, le galion apparut à l’horizon un matin, et fut à quai le soir même. Les retrouvailles furent joyeuses et pleines de soulagements.

- Lore, ma chérie, que s’est-il passé ? demanda sa mère assise sur le coin du bureau, tandis que son père, à côté d’elle, était assis à son fauteuil.

- J’en sais rien maman. Je me suis rendu compte, après notre départ de l’île, que j’avais oublié le pistolet que tu m’as offert. J’ai donc rédigé une note sur papier, que je comptais envoyer le lendemain à Longue-Descente, pour le prévenir. Puis je me suis couchée.

- Tu étais bien dans ton lit au moins ? dit son père. Pas dans ce nid sur la proue, que tu affectionne tant ?

- Oui, j’étais dans mon lit. Il pleuvait cette nuit-là, si tu te souviens bien, répondit sa fille, regardant par la fenêtre de la cabine l’écume des vagues qui frappent la coque du galion.

- En effet. Et ensuite ?

- Et bien ensuite…je me suis réveillée le lendemain sur une plage. J’avais l’impression…soupire un instant, regardant ses parents. Vous allez me prendre pour une folle.

- Mais non vas-y mon cœur, l’encouragea le Capitaine.

- Et bien…c’est comme si je m’étais roulée dans un tonneau de goudron. Et quand j’ai regardé mes mains…elles étaient noires, recouvertes d’une substance gluante, explique Lore, en frissonnant à ce souvenir.


A ces mots, ses parents se regardèrent, avec l’air de ceux qui savent ce qu’il se passe. Mais avant que Lore n’ai pu les questionner, sa mère se leva et la prit dans ses bras.

- Ce n’est rien ma chérie. Tu as du te lever en dormant la nuit, et tomber à l’eau. Quant à la matière noire, tu as sans doute traversé une nappe d’encre de méduses. Il y en a beaucoup dans ce coin de la mer.

- Ta mère a raison, mon ange, enchérit son père. Et remercions les Dieux te t’avoir fait échouer sur l’île que nous venions de quitter. Ne t’inquiète plus de ça, c’est de l’histoire ancienne.

- Vous êtes sûr ? demanda Lore, regardant tour à tour ses parents, sans comprendre leur réaction.

- Oui, tout va bien maintenant. A présent, ta mère et moi devons discuter d’une affaire à venir.


Loreleï comprit que le Capitaine la congédiait, et sortit, légèrement troublée par leur réaction et l’explication donnée. Même si cela semblait logique…c’était tout de même étrange.**


Posant la plume sur sa petite table, Loreleï s’étira en regardant le soleil par la fenêtre de sa chambre.

- Déjà l’heure de manger. La matinée est vite passée. Si seulement j’avais insisté davantage ce jour-là…ils savaient. Pourquoi ne m’avoir rien dit ?

Elle secoua la tête, rangea son matériel et descendit se préparer à manger.
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Erika Thorkeldottir

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MessageSujet: Re: Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain   Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Icon_minitimeVen 5 Juin - 20:28

La poussière semble s’accumuler dans la demeure. Aucune trace de vie, ni de passage. Pas de bonne odeur de cuisine. La seule qui flotte légèrement dans l’air, se mélangeant à celle de la poussière, provient du dernier étage. Ce doux parfum entêtant, suave mais agréable, émane de la seule chose vivante en ce lieu depuis plusieurs mois.
Dans le vivarium de Loreleï, s’épanouissent de belles roses à la couleur inhabituelle, noire. Malgré l’absence de leur propriétaire, un système d’irrigation asura leur assure de quoi se désaltérer. Et l’air est également renouvelé par un petit ventilateur. Asura, bien entendu.
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MessageSujet: Re: Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain   Loreleï, un passé à enterrer, un présent à vivre et un futur incertain Icon_minitime

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